Les Hohenstaufen, fondateurs du château Le premier château du Haut-Kœnigsbourg date du XIIe siècle : un manuscrit nous apprend que Frédéric de Hohenstaufen possède alors un château sur une montagne appelée Staufenberg. A cette époque, la famille des Hohenstaufen tente de faire de l’Alsace la base de sa puissance, pour s’assurer le contrôle du Saint Empire Romain Germanique. En ce sens, le site du Haut-Kœnigsbourg est particulièrement bien choisi pour y implanter une forteresse : l’éperon rocheux qui couronne la montagne constitue une défense naturelle idéale et l’altitude du Staufenberg (757m) permet aux occupants du château de surveiller les deux voies commerciales majeures qui passent à son pied : la route du sel et de l’argent (est-ouest) qui relie l’Alsace au duché de Lorraine, et la route des céréales et du vin (nord-sud).

L’époque des Habsbourg
Après la disparition des Hohenstaufen, une seconde dynastie impériale intègre le château du Haut-Kœnigsbourg à ses possessions : les Habsbourg. Le château conserve alors toute son importance stratégique et marque la borne occidentale du Saint Empire Romain Germanique, exposé aux appétits des ducs de Lorraine et des rois de France. Malgré son importance stratégique, le château représente une lourde charge pour les Habsbourg, qui ne parviennent pas à assurer l’entretien d’une forteresse agrandie à plusieurs reprises, et encore moins à payer la solde de sa garnison. Ils décident donc de l’engager auprès de plusieurs familles nobles, qui auront le droit de l’utiliser en échange des frais engagés pour son entretien. Cette situation crée une confusion qui profite à des chevaliers brigands. Ces derniers survivent en attaquant les marchands qui passent au pied du château, où ils trouvent refuge. Plusieurs villes, excédées par ces attaques répétées contre leurs bourgeois, décident de s’unir pour éliminer cette menace sur leur commerce. En 1462, après un siège, le château est pris et détruit.

Les Habsbourg récupèrent alors une forteresse ruinée qu’ils n’ont pas les moyens de restaurer. En 1479, ils décident une nouvelle fois d’inféoder le château du Haut-Kœnigsbourg à l’un de leurs plus fidèles capitaines, Oswald de Tierstein. Le château est alors reconstruit, agrandi et modernisé pour être adapté aux armes à feu de plus en plus efficaces. Cependant, les Tierstein rencontrent les mêmes difficultés que les engagistes précédents pour entretenir le château et doivent se contenter d’entretenir sur place une petite garnison.

Au XVIIe siècle, malgré un système défensif dépassé, le château du Haut-Kœnigsbourg retrouve une importance stratégique primordiale : il contrôle une des voies d’accès principale à l’Alsace. La région est alors l’un des enjeux majeurs de la guerre de Trente Ans que se livrent les principautés allemandes catholiques, soutenues par le duc de Lorraine, et les principautés protestantes, soutenues par le roi de France et le roi de Suède. Pour les habitants des villages du Piémont, le château est un refuge sûr, à l’abri des pillards des deux camps.

En 1633, les Suédois décident de détruire cette forteresse. Le château résiste à un siège de plus d’un mois, mais l’artillerie moderne a finalement raison des murailles médiévales. Un incendie parachève sa destruction quelques jours après sa chute aux mains des Suédois.

La ruine et sa redécouverte
Après 1633, le château du Haut-Kœnigsbourg tombe peu à peu en ruine. Ce n’est qu’au début du XVIIIe siècle, à la faveur du romantisme, que l’intérêt pour les ruines mystérieuses du Haut-Kœnigsbourg renaît. Attirés par les sombres forêts et les ruines recouvertes de lierre, les premiers randonneurs viennent aussi admirer la vue sur les Vosges et la plaine d’Alsace. En 1862, la ruine est classée monument historique. Très vite, des projets de réhabilitation ou de rénovation sont proposés à la ville de Sélestat, qui a acheté le monument en 1865. Faute de moyens, la ville de Sélestat se contente de consolider la ruine, sans concrétiser aucun de ces projets.

La reconstruction
En 1871, l’Alsace est annexée par l’empire Allemand. Pour les Hohenzollern, le HautKœnigsbourg représente un symbole intéressant : la borne occidentale du Saint Empire Romain Germanique dont ils se réclament. En 1899, la ville de Sélestat offre alors le monument à Guillaume II. Ce dernier décide de restaurer les ruines pour en faire un musée du Moyen Âge et un symbole de l’Alsace germanique. La restauration est confiée à Bodo Ebhardt, qui choisit de restituer le château tel qu’il existait à l’époque des Tierstein, au XVe siècle. Les murs, conservés jusqu’à la hauteur des mâchicoulis et les voûtes, encore partiellement préservées, lui fournissent une base de travail solide. Après le dégagement des ruines, qui donne lieu à de nombreuses trouvailles archéologiques, la restauration est entreprise avec les moyens les plus modernes de l’époque entre 1899 et 1908. La décoration du château est confiée à Léo Schnug et à une association, la HohKönigsburgverein, elle se charge de rassembler l’ameublement et les objets qui donnent vie au monument. La restitution proposée par Bodo Ebhardt donne lieu à de nombreuses controverses au moment de la restauration. Néanmoins, celle-ci reste très vraisemblable malgré la nécessité d’imaginer certaines parties du monument, comme les chemins de ronde couverts ou encore la hauteur du donjon. Avec le traité de Versailles en 1918, la propriété du monument passe à la France. Depuis le 1er janvier 2007 le château est la propriété du Conseil Général du Bas-Rhin.