Des amours tumultueuses : c'est le moins que l'on puisse écrire de la relation passionnelle qui unit, entre octobre 1599 et début 1609, le roi Henri IV et Henriette de Balzac d'Entragues, passée à la postérité sous le nom de marquise de Verneuil.

Entamées au château du Bois-Malesherbes, près de Pithiviers, puis poursuivies à Paris et ailleurs, c'est toutefois dans l'Oise, à Verneuil-en-Halatte, que ces amours se sont surtout déroulées, émaillées de brouilles fréquentes et même, dès 1602, de conspirations de la marquise et de ses proches contre le pouvoir royal. Des amours émaillées de brouilles et de conspirations.

Toute jeune qu'elle soit, puisqu'elle n'a que 19 ans quand le roi la remarque, la nouvelle maîtresse ne manque pas d'ambition. Le mariage d'Henri IV avec Marguerite de Valois est alors en voie d'annulation.

Aussi, conseillée par sa mère, Marie Touchet, ex-favorite de Charles IX, son demi-frère, Charles de Valois, et son père, le comte d'Entragues, exige-t-elle avant toute liaison une promesse solennelle du roi. C'est pourquoi, le 1er octobre 1599, Henri IV s'engage par écrit à prendre la jeune femme pour épouse si elle est enceinte dans les six mois qui suivent et accouche d'un garçon.

Toutefois il ne tiendra pas sa promesse en raison de son remariage avec Marie de Médicis et pour atténuer la colère de sa maîtresse, effectivement enceinte, il acquiert pour elle, le 3 juin 1600, la seigneurie de Verneuil, l'érige en marquisat et commande l'achèvement du château à l'architecte Salomon de Brosse.

Négligé pendant quelques années par Anne d'Este et son fils Henri de Savoie, duc de Nemours, le domaine a joui d'une grande réputation.

Dès mars 1575, le roi Henri III était venu l'admirer et, en 1576, les gravures des « plus excellents bâtiments de France », dessinées par Jacques Ier Androuet du Cerceau, font connaître le château à ceux qui comptent dans le royaume.

C'est en 1558 que tout a commencé lorsque Philippe IV de Boulainvilliers (1529-1588), comte de Dammartin, élevé à la cour de François Ier , disposant à Verneuil d'un premier château mais rêvant d'une demeure somptueuse, fait appel à Jacques Androuet du Cerceau.

L'architecte dresse, au plus tard en 1560, les plans de l'édifice, puis les travaux, prévus sur l'éperon rocheux dominant le vallon de Montlaville, commencent. Le projet prévoit un plan quadrangulaire comportant trois corps de logis et une galerie avec pavillon central, complétés aux angles de quatre pavillons doubles. Quarante statues monumentales orneront les façades du château tandis que les jardins seront en terrasse à l'italienne comme ceux de Tivoli, créés en 1550 par le cardinal d'Este.

En 1575, Philippe IV de Boulainvilliers, ruiné, doit revendre la seigneurie de Verneuil. Ses successeurs, Jacques de Savoie et Anne d'Este, duc et duchesse de Genevois et de Nemours, bien plus riches, demandent à Jacques Ier Androuet du Cerceau de simplifier son projet et d'en réduire le coût. A la mort de son époux, en 1585, la duchesse ne poursuit pas les travaux.

C'est dans un château grandiose et parfaitement habitable depuis 1577 que s'installe en 1600 la marquise de Verneuil.

Elle y recevra Henri IV et ne quittera les lieux qu'en 1628, dix-huit ans après l'assassinat du roi, pour se retirer à Paris, dans une communauté religieuse. Propriétaire du château à partir de 1633, son fils, Henri de Bourbon, duc de Verneuil et pair de France, le conservera intact jusqu'en 1682.

Le domaine est vendu en mai 1705 par ses héritiers aux princes de Condé. Ce sont ces derniers, soucieux dit-on de ne pas faire d'ombre à leur château de Chantilly, qui le feront démolir pierre à pierre en 1734 au point que n'en subsiste aujourd'hui en forêt communale de Verneuil que l'imposante terrasse, partiellement dégagée, qui lui servait d'assise.