LE VOLCANISME DE L’ESTÉREL
(Extrait du Guide des lacs du Dramont-
Ch. Bonnet et G. Olive, 1994)
Les roches constituantes de l’Estérel
sont issues de trois phases volcaniques
de nature bien différentes.
La première poussée se produit au
début du Permien (ère primaire)
entre -290/-280 et -250 millions
d’années (Ma).
À la faveur de failles s’infiltre une
lave rhyolitique qui met en place
les roches rouges caractéristiques
de l’Estérel.
• 290/-280 Ma : distension de la
plaque continentale européenne ;
• 280 Ma : Effondrements au nord
du massif de l’Estérel. De grandes
cassures (failles) affaiblissent le
massif ; elles sont orientées Ouest-
Est ;
• L’ouverture de ces failles livre le
passage à des laves variées, dont
la plus courante est la rhyolite
brun-rouge ;
• Injection de plus en plus abondante
de magma. Puis, par débordement,
le magma et les ignimbrites
vont sortir des failles et s’écouler
sur de grandes surfaces.
• Le poids considérable des coulées
reposant sur le vide formé sous
l’Estérel provoque un enfoncement
de la partie centrale de la
dépression (subsidence). Un volcanisme
faiblement actif persiste.
La deuxième poussée, à la limite
entre l’ère primaire et l’ère secondaire
(-250/-225 Ma), voit la mise en
place d’un volcanisme « classique ».
Il en reste peu de traces :
• Édification d’un vrai volcan
comme celui de Maurevieille, qui
expulse alternativement des laves,
des cendres, et, à la faveur d’explosions,
des nuées ardentes. Ces
matériaux se déposent en strates
bien typées, différenciables. C’est
la raison pour laquelle ce volcan
est appelé « strato volcan ».
• Schéma classique du volcanisme :
la cheminée volcanique s’obture,
des appareils volcaniques secondaires
apparaissent sur les flancs
ou à la périphérie du volcan. Ils
déboucheront vers l’extérieur
verticalement (necks) ou horizontalement
(sill). D’importantes
masses de magma restent piégées
sous la surface du sol (lacolithe,
dômes), dont émergent quelques
fois des pointes à la faveur d’érosions
postérieures (dykes).
• Le Volcan explose : cendres et
débris projetés sur de grandes
surfaces vont se déposer et créer
ainsi un « niveau repère » de cinérites.
Ces deux premières phases du volcanisme
de l’Estérel auront duré
de -280 à -225 millions d’années,
soit… 55 millions d’années, soit
encore 27 500 fois le temps écoulé
depuis le début de l’ère Chrétienne.
La troisième poussée, à la fin de
l’ère tertiaire (-31 à -28 Ma), met
en place l’estérellite dans laquelle
sont creusés des lacs. Dans cette
phase, la lave n’atteint pas la surface,
mais reste piégée dans les roches
volcaniques installées pendant le
permien (première phase). On parle
alors de volcanisme intrusif.
L’estérellite apparaîtra à la surface
à la suite de l’érosion qui affecte le
site depuis cette période.
• Le magma monte vers la surface.
Les roches à son contact, sous
l’influence de la pression et de
la température, se transforment
(métamorphisation).
• Le magma se refroidit lentement,
ce qui permet la formation de
cristaux dont la taille varie de
quelques millimètres à plusieurs
centimètres. De par ces particularités
locales, cette variété de
granite prend, dans l’Estérel, le
nom d’estérellite.
• À notre époque, l’érosion a mis à
nu cette estérellite et son auréole
de métamorphise.
L’ère quaternaire voit la dernière
étape de notre histoire : le profil
actuel de la Côte Nord de la Méditerranée
se met en place.
La partie médiane de la chaîne Pyrénéo-
Alpine, qui s’était formée à
la fin du Secondaire, bascule dans
la Méditerranée et s’enfonce de plusieurs
milliers de mètres, formant
le Golfe du Lion.
La partie sud-est de la chaîne pivote
de 90° et s’éloigne lentement du
Continent formant et isolant ainsi
la Corse et la Sardaigne. Par
contre-coup, l’Estérel se relève
(cette remontée se produit encore
au rythme de 0,6 mm par an).
L’ESTÉRELLITE
Bien qu’issue d’un phénomène
volcanique voilà 28 à 31 millions
d’années, la mise en place de l’estérellite
diffère sensiblement des
roches rouges de l’Estérel qui datent
du Permien (-230/-280 Ma). Ici, le
magma n’emprunte pas une cheminée
(volcanisme extrusif) mais
s’injecte lentement à la faveur d’anciens
« accidents » (failles, fissures)
datant du Permien. Ce volcanisme,
appelé « intrusif » a deux conséquences
importantes :
Le magma se refroidit beaucoup
plus lentement qu’en surface, permettant
la formation de cristaux
bien visibles et quelques fois de très
gros cristaux (phénocristaux de
plusieurs centimètres). La pression
exercée par la lave sur les roches voisines
(« roches encaissantes ») et la
température ambiante induisent la
transformation physico-chimique
de ces roches. On parle alors de
métamorphisme de contact.
L’intrusion principale d’estérellite
s’étend suivant une bande de 6 km
de long, 3 km de large, orientée
N-W/S-E, depuis « les Cous » au
nord de Boulouris, jusqu’au Dramont.
Elle est accompagnée de
trois petites intrusions satellites,
ponctuelles, à Boulouris (terrain du
Creps), au Castellas et au Dramont
(carrière de Prola).
La pétrographie (branche de la
géologie qui étudie la composition
minéralogique et chimique des
roches), nous indique que l’estérellite
(« porphyre » bleu de l’Estérel)
est une microdiorite quarztique
(de micro : texture petite et grenue ;
diorite : roche entièrement cristallisée,
et quartzique : qui contient du
quartz), de couleur gris clair à foncé,
blanchâtre ou bleutée, rarement
verte, et qui contient des cristaux
visibles à l’oeil nu. Elle présente une
texture microgrenue.
MINÉRAUX ESSENTIELS
DE L’ESTÉRELLITE
• Les plagioclases : feldpaths de
couleur blanchâtre. La taille des
cristaux est variable. Ils sont d’autant
plus grands que la lave s’est
refroidie lentement.
• Le quartz : toujours présent, il se
présente sous forme de cristaux
automorphes dodécaédriques,
bipyramidés, de taille variable,
de quelques millimètres à un
centimètre.
• Les ferromagnésiens : ce sont des
amphiboles (silicate de fer et de
magnésium)
• La biotite (mica noir). Elle cristallise
sous forme de petites
baguettes noires.
Des minéraux accessoires se
présentent sous forme de filons
s’insinuant dans des failles et des
fissures de roches encaissantes. On
retrouve les oxydes et les sulfures,
la calcite, les grenats, la malachite.
LE MÉTAMORPHISE
DE L’ESTÉRELLITE :
L’intrusion de l’estérellite provoque
la métamorphisation des roches
« encaissantes ». Selon que celles-ci
sont à la périphérie de l’intrusion
et la paroi de roche encaissante à
minéraux : muscovite (mica blanc)
et cordiérite (sombre, en prisme
trapus) d’une part, biotite verte et
quartz d’autre part.
Dans certains cas, comme au nord
du Dramont, les terrains encaissants
semblent avoir été affectés
par une activité hydrothermale
(circulation et concentration de
« jus » dans les failles). On trouve
alors des « bulles » tapissées de
quartz centimétrique, de chlorite
(qui donne parfois une teinte verte
à l’estérellite), de rosettes d’oligiste
(minerai de fer très pur) et d’épidote.
Les enclaves de roches encaissantes,
soumises à un endométamorphisme,
sont de nature diverse :
granite, gneiss (roche feuilletée),
ou minéraux comme l’épidote au
Dramont.
LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
DÈS LA FIN DU 18E SIÈCLE, PUIS AU DÉBUT DU 19E EN FRANCE, EN BELGIQUE, EN
SUISSE, EN ALLEMAGNE ET AUX ÉTATS UNIS, L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE CHANGE
DE NATURE EN QUELQUES DÉCENNIES, PASSANT D’UNE SOCIÉTÉ À DOMINANTE
AGRAIRE ET ARTISANALE À UNE PRODUCTION DE BIENS MANUFACTURÉS À GRANDE
ÉCHELLE. LA PREMIÈRE RÉVOLUTION INDUSTRIELLE EST EN MARCHE.
Ces grandes innovations technologiques
changent la vie des français :
• Le développement de la machine
à vapeur qui permet l’industrialisation
du Pays ;
• L’invention du moteur à explosion ;
• La mise au point des premières
automobiles ;
• Les premières communications
radiophoniques ;
• Le développement de la locomotive ;
• L’invention de la photographie ;
• Le procédé Bessemer facilitant la
production d’acier.
Toutes ces innovations permettent
d’augmenter la croissance, la productivité
et la mécanisation. On
assiste dès lors à l’exode rural vers
les villes tandis que se développent
les transports et les télécommunications.
Parallèlement émergent
la classe bourgeoise et la classe
ouvrière. C’est alors la création du
Syndicalisme et du socialisme.
Ces phénomènes engendrent des
demandes considérables : des voies
de communication (routes, chemins
de fer, canaux, etc.) mais aussi
des logements, usines, ouvrages du
génie civil. Ces nouveaux besoins
nécessitent de nombreux matériaux
de construction.
En 1864, la composition géologique
des sous-sols de la région du Var est
riche et correspond aux besoins de
l’industrie grandissante. On y extrait
la houille et la lignite à Callian,
Saint-Zacharie, la Londe, Fréjus ;
le cuivre au Pradet, du zinc et du
plomb dans le Massif des Maures,
la bauxite à Brignoles.
À Saint-Raphaël, les demandes
d’exploitations sont adressées pour
du charbon fossile dans la forêt
domaniale des Terres Gastes, pour
une mine de fer en 1849 au quartier
des Petits Caous ou à Agay.
C’est dans ce contexte qu’apparaissent
les premières exploitations
de porphyre sur le territoire de
Saint-Raphaël qui vont contribuer
à paver le monde. Au Dramont,
l’exploitation de l’estérellite sera en
activité durant près d’un siècle.
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