LE RÔLE FONDAMENTAL DES CARRIERS
L’EXPLOITATION DES CARRIÈRES NE SERAIT PAS POSSIBLE SANS LES CARRIERS.
Ces hommes de toutes générations,
de nationalités différentes, principalement
italiens, ont un travail très
pénible car le porphyre est très dur,
autant que la résistance des ouvriers.
Exerçant leur métier dans toutes
conditions atmosphériques, dans le
bruit, la poussière, le risque d’accident,
ils travaillent sans protections,
sans casque, ni gants, ni lunettes.
Les cadences sont infernales, le salaire
minime et la protection sociale
quasiment inexistante. Pourtant ils
sont là tous les matins pour recommencer
avec les collègues, affichant
un esprit d’équipe, une solidarité
sans faille. C’est à ce prix que l’entreprise
prospère et qu’ils survivent.
LE TRAVAIL DU CARRIER
LE TRAVAIL DES CARRIERS EST EXTRÊMEMENT PÉNIBLE DU FAIT DE L’EXPOSITION DES
OUVRIERS AUX CONDITIONS CLIMATIQUES, DE LA MANIPULATION DE MATÉRIAUX
BRUTS TRÈS LOURDS, DE L’EMPLOI D’OUTILS NÉCESSITANT BEAUCOUP DE PRUDENCE.
Il est donc très physique et dangereux, requérant une bonne constitution
et beaucoup de courage.
Mais, en plus de ces exigences, il est important de connaître la pierre, savoir
comment elle réagit aux tirs de mine, aux impacts du burin sous les coups
de la massette du tailleur de pavé.
Et puis, évidemment, il faut savoir trouver le «fil de la pierre ».
Tout ceci est moins physique mais demande un apprentissage et ne s’acquiert
qu’avec beaucoup de patience.
Une autre condition est essentielle : aimer le travail en équipe !
1RE OPÉRATION :
LE MINAGE ET L’ABATTAGE
LE MINAGE
Des trous de mines sont creusés
avec la barre de fer à biseau d’acier
manoeuvrée par chocs, à la main.
Les trous sont chargés de poudre de
mine comprimée dont l’effet tend à
fendre, à disloquer la roche.
Les composés explosifs brisants,
récemment découverts, tels que
le fulmi coton et la dynamite, ne
conviennent pas à l’extraction du
porphyre sous forme de blocs volumineux,
réguliers autant que
possible. Plus tard, des perforateurs
pneumatiques ont remplacé la barre
de fer.
L’ABATTAGE
L’explosion ne détache pas toujours
complètement le bloc de la masse
rocheuse ; il faut alors le détacher
au moyen de petits coins d’acier
forcés dans des fentes produites par
l’explosion des gaz dans le trou de
mines ou frappés dans des trous
creusés avec l’aiguille de carrier.
2E OPÉRATION :
LE REFENDAGE
Les blocs abattus sont distribués en
morceaux maniables au moyen de
coins d’acier forcés dans des trous
creusés à l’outil.
3E OPÉRATION :
LE COUPAGE
Il consiste à débiter la pierre en petits
blocs de dimensions et de forme
approchées autant que possible de
celles que devra avoir la dalle ou le
pavé terminé ; il donne donc le pavé
brut que l’on taille souvent pour en
faire le pavé net sur les lieux mêmes
où on l’utilise.
4E OPÉRATION : LA TAILLE
Ce dernier travail consiste à mettre
le pavé brut en forme et en dimensions
déterminées. Pour les dalles,
pour les pavés lourds, l’ouvrier
emploie l’aiguille, frappée avec le
marteau ou massette à main.
Pour les pavés de 10 à 15 cm de hauteur,
de 15 de longueur et de 25 de
largeur dont le poids varie de 9 à 12
kilogrammes, la taille est faite avec
l’épinçoir qui consiste uniquement
en une petite masse à main aux
extrémités carrées avec les arêtes
coupantes.
L’ouvrier tailleur de pavés est tout
bonnement assis par terre, jambes
croisées, maniant d’une main
l’épinçoir et, de l’autre, la pierre à
façonner.
LA JOURNÉE DU CARRIER
C’EST UNE LONGUE JOURNÉE RYTHMÉE PAR LE SON DE LA TROMPE (SIGNAL DE DÉBUT
ET DE FIN D’ACTIVITÉ).
Elle se déroule de 6 h 00 à 12 h 00,
avec une pause à 8 h 00 pour le petit-
déjeuner.
À midi, les ouvriers prennent leur
repas chez eux ou aux cantines.
Pendant le repas, on procède aux
tirs de pétards nécessaires.
Puis, reprise à 13 h 30 jusqu’à 17 h 30.
Après la journée des ouvriers, on
effectue les tirs de mines.
Dès le début du mois de mai, le
fond de la carrière se transforme
en un village de toiles bleues. Pour
se protéger de la chaleur torride, les ouvriers s’abritent sous une toile et
portent sur la tête une casquette avec
un tissu sur l’arrière.
Leur bouteille d’eau est entourée
d’un chiffon humide afin de conserver
une fraîcheur toute relative.
Le travail est à la tâche ou à prix
faits, sauf pour les manoeuvres qui
sont payés à la journée. La paie a lieu
à la quinzaine.
En 1925, la quinzaine représente
150 heures de travail pour un salaire
d’environ 220 francs, ce qui, ramené
à nos jours, représente environ
174 euros.
LES MÉTIERS DE LA CARRIÈRE
LE MINEUR PERFORATEUR
perce les trous dans la roche et y
place la poudre.
LE TRANCHEUR ET L’APPRENTI
TRANCHEUR
débitent les blocs avec les grosses
aiguilles et des coins. Il leur faut une
connaissance parfaite du « fil » de
la roche. Pendant deux ou trois ans,
l’employeur leur facture la poudre
et les heures des mineurs. À la fin
du mois, ils doivent de l’argent à la
Société des Carrières. Cela finit par
entraîner une grève qui aboutit à la
suppression de ces abus.
LE TAILLEUR
effectue la finition des pavés. Le
trancheur et le tailleur travaillent
toujours en brigade. Ils taillent en
moyenne 90 pavés par jour, 120
pour les meilleurs.
LE RETAILLEUR
retaille les pavés cassés.
LE MARQUEUR
trace un signe de couleur différente
sur les pavés taillés par chaque ouvrier.
Chacun a son tas et il est rare
qu’un incident arrive au sujet du
nombre de pavés.
LE POMPISTE
met en route les pompes pour évacuer
l’eau qui inonde la carrière (le
fond de la carrière est plus bas que le
niveau de la mer, de plus il reçoit les
eaux de ruissellement et de sources).
Le tuyau d’évacuation passe sous
le pont de la voie ferrée et l’eau est
rejetée en mer.
LE FORGERON
refait les aiguilles à la forge des carrières.
Il y a également des forgerons
indépendants.
L’OUVRIER D’ÉCURIE
s’occupe de l’entretien des lieux et des
chevaux. En 1911 il y a 10 chevaux :
Mouton, Moussi, Coquet, Poulet,
Bijou, Lamy, Papillon, Favori, Cadet.
LE WAGONNISTE
pousse le wagonnet sur le lieu de
chargement. Il le remplit des éclats de
porphyre pour alimenter le concassage.
L’ÉPINCEUR DE PAVÉS
taille les pavés et les bordures de
trottoir à partir de la roche qu’il a cassée.
Il travaille ensuite le pavé pour
l’amener aux dimensions voulues,
avec ses outils (massette, marteau
court et long, fendu en angle par les
2 bouts - épinçoir).
LE GRAISSEUR
est chargé du bon fonctionnement
des poulies.
LE TRAÎNAGE
LE TRAÎNAGE ÉTAIT CONSTITUÉ :
D’UN CHEMIN DE FER de petite section. C’était une des activités les
plus importantes dans l’exploitation. En effet le matériau extrait de la terre
est extrêmement dense et très difficile à déplacer, qu’il soit brut, fini ou sous
forme de déchets.
Les postes de travail étaient souvent éloignés les uns des autres, c’était le
moyen le plus efficace pour assurer le bon fonctionnement de l’exploitation.
DE WAGONNETS MÉTALLIQUES d’une capacité de 0,80 m3.
À sa création, la société disposait de 29 wagonnets en fer et 8 en bois. Les
carriers montaient et démontaient les rails au gré du développement des
travaux.
Sur les parties horizontales ils étaient poussés ou tirés manuellement. Au
début, il y avait même des chevaux pour exécuter ces tâches.
Dans les plans inclinés les wagonnets étaient tractés par un câble qui fonctionnait
en continu, il faisait 4,000 m de long pour un circuit de rails de
2,100 m.
Les treuils qui actionnaient ce mécanisme, marchaient à la vapeur jusqu’en
1934 avant l’électrification de l’exploitation.
Le carrier affecté au traînage devait être robuste car l’exercice était très
physique.
LE TRANSPORT PLM
DÉVELOPPEMENT DE LA VOIE PLM*
EXISTANTE
AVANT MÊME LA CRÉATION DE LA SOCIÉTÉ D’EXPLOITATION DES CARRIÈRES DE
PORPHYRE DE SAINT-RAPHAËL EN 1883, LE RACCORDEMENT D’UNE VOIE FERRÉE À
GRANDE SECTION SUR LA VOIE PLM, POUR L’USAGE PRIVÉ DE L’EXPLOITATION, ÉTAIT
EXISTANTE.
Sa création date probablement de la réalisation de la voie PLM en 1863.
Cette gare ne va cesser de se développer avec l’extension de l’exploitation
des carrières : elle sera un élément majeur de la réussite de l’entreprise.
* PLM : Paris-Lyon à la Méditerranée
LES MOYENS DE TRANSPORT ADAPTÉS
LE TRANSPORT FERROVIAIRE PRÉSENTAIT L’AVANTAGE DE POUVOIR COUVRIR LE LITTORAL,
MAIS AUSSI L’INTÉRIEUR DU TERRITOIRE, GRÂCE À SON RÉSEAU DÉJÀ BIEN DÉVELOPPÉ
À LA FIN DU XIXE SIÈCLE ET AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE.
La concurrence du transport routier
n’est pas redoutable du fait d’un
réseau insuffisant et de la production
marginale de véhicules poids
lourds. Les charges transportées
étant faibles, le coût des livraisons
pénalise fortement le secteur.
À l’inverse, le transport maritime
est beaucoup plus avantageux du fait
des capacités de chargements, mais
son utilisation est cantonnée aux
destinations portuaires du littoral
car le réseau fluvial est inexistant
localement.
Un wagon pouvait transporter une
charge de 10 tonnes, cela nécessitait
un important mouvement de
voitures quand les quantités étaient
importantes.
À titre d’exemple :
En 1914, l’entreprise devait fournir
1 350 m3 de ballast aux Ponts et
Chaussées de Toulon et huit bateaux
suffisaient pour transporter le total
du volume (le m3 de ballast pesant
1 800 kg) alors qu’il aurait fallu 250
wagons soit une vingtaine de trains
pour le même travail.
Malgré ce handicap la gare n’a cessé
de grandir, multipliant les voies de
triage et les quais de chargement
où les wagons étaient directement
chargés par le silo, pour tous les
produits concassés.
LE TRANSPORT MARITIME
LE TRANSPORT MARITIME,
UNE ÉVIDENCE !
DE PAR SA SITUATION AU BORD DE MER ET DU FAIT QUE LA SOCIÉTÉ DES CARRIÈRES EST
PROPRIÉTAIRE DE 800 M DE RIVAGE, L’OPTION DU TRANSPORT MARITIME EST APPARUE
ÉVIDENTE.
Déjà à sa création en 1883, il existait sur la plage une estacade (ponton de
bois permettant l’accostage de bateaux) pour le chargement des pavés.
Cet ouvrage avait été réalisé par un des premiers exploitants mais n’assurait
pas un chargement régulier et de fort tonnage.
Dès le début, la Société d’Exploitation des Carrières de Porphyre de Saint-Raphaël
a la volonté de construire un port pouvant résoudre ce problème.
LE CHARGEMENT DE LA CARGAISON
JUSQU’EN 1900 LE TRANSPORT MARITIME ÉTAIT RÉALISÉ PAR LES « TARTANES », BATEAUX
À VOILE TRADITIONNELS DE MÉDITERRANÉE D’UNE QUINZAINE DE MÈTRES ET POUVANT
CHARGER 10 À 15 TONNES DE PRODUITS.
Elles accostaient contre l’estacade
et étaient chargées manuellement
de leur cargaison de pavés à destination
du port de Saint-Raphaël,
où la cargaison était déchargée à la
main, stockée sur le quai en attente
du chargement, toujours à la main,
sur un cargo à vapeur à destination
des clients.
Le ponton non abrité, situé sur la
plage, était sujet aux aléas météorologiques
et au respect aléatoire des
engagements commerciaux.
Par la suite, pour éviter ces problèmes,
fut construit un mur le long
du rivage, qui a amélioré la situation
mais sans régler tous les problèmes,
notamment la nécessité d’une main-d’oeuvre
importante.
À partir de 1900, avec la création du
pont transbordeur, il était possible
de charger directement dans les
barges (péniche sans motorisation)
qui étaient ensuite tirées par des
remorqueurs à vapeur directement
vers les ports de destination : Gênes,
Barcelone, Marseille, Toulon, etc..
L’économie de main-d’oeuvre était
considérable et le respect des contrats
assuré.
La quantité chargée allait jusqu’à
300 tonnes et ne demandait pas
beaucoup d’ouvriers.
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