Biographie

Né en 1869 à Dieppe où son père est armateur et peintre amateur, avant de résider à Versailles, Louis Valtat se montre très tôt doué pour le dessin. Ses parents l’encouragent et il suit des cours à l’école des Beaux-Arts de Paris à partir de 1886, puis à l’Académie Julian. Il côtoie Henri de Toulouse-Lautrec lors de ses premières années parisiennes.

Influencé et inspiré par l’effervescence des mouvements d’avant-garde qui se succèdent tels que le néo-impressionnisme, le fauvisme et les nabis, Louis Valtat réalise une synthèse personnelle de ces inventions picturales et précède même de plusieurs années le mouvement Fauve.

Il découvre le sud de la France dès 1896 et tombe amoureux de sa lumière, lui qui ne connaissait que les ciels de sa Normandie natale. Il peint à Arcachon, Céret, Banyuls, Agay, Anthéor, et va jusqu’en Espagne.

Séduit par les paysages et les couleurs d’Anthéor il s’y fait construire une maison « Lou Roucas Rou » face à l’île des Vieilles, qu’il habitera régulièrement durant l’hiver à partir de 1899, y faisant croître un jardin luxuriant. Il est l’un des plus célèbres peintres à immortaliser les rochers rouges si particuliers de cette région.

Il se marie en 1900 avec Suzanne Noël qui devient son modèle favori. Leur fils Jean naît en 1908 et lui aussi deviendra un modèle privilégié de son père.

La production de Louis Valtat est importante durant la période d’Anthéor. Celle-ci est recherchée dans son œuvre pour ses qualités picturales et décoratives.

Il se lie d’amitié avec certains des plus grands maîtres de l’époque, qu’il rencontre régulièrement : notamment Auguste Renoir qui réside à côté de Grasse et Paul Signac qui s’est installé à Saint-Tropez. Il leur rend visite et peint à leurs côtés en compagnie de son ami Georges d’Espagnat.

En 1905 il expose au Salon d’Automne à Paris où ses toiles font sensation, exposées à proximité de celles des autres « Fauves » : Derain, Matisse, Vlaminck…

En 1915 la famille quitte Anthéor et retourne à Paris pour scolariser Jean.

Souhaitant conserver le contact avec la nature, il continue de voyager dans toute la France. Il acquiert en 1924 une propriété à Choisel dans les Yvelines, entourée d’un jardin et d’un verger qu’il aménage et entretient. Il y passe désormais l’essentiel de son temps, tout en continuant à voyager en France. Il ne peindra progressivement plus que des natures-mortes et des fleurs, thème récurrent dans son œuvre depuis ses débuts. Il meurt en 1952 mais sa vue déclinant trop, il ne peignait plus depuis quelques années.

Louis Valtat fût un artiste prolifique et protéiforme, peintre inlassable qui a réalisé plus de 4000 peintures, sans compter les illustrations, estampes, lithographies, affiches, céramiques, sculptures et cartons de tapisserie.

Ses œuvres sont présentes dans les plus grands musées ainsi que dans de nombreuses collections privées, en France et dans le monde. On peut les admirer à Paris, New-York, Moscou, Saint-Pétersbourg, Genève, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Caen, Cahors, etc.

Discret, libre et solitaire, il reste farouchement indépendant aux courants d’avant-garde qui se succèdent au début du XXe siècle, suivant et développant sa propre vision artistique. Cette démarche fait de lui un peintre au style unique et immédiatement reconnaissable. Les critiques et le public peinent à le cataloguer d’autant qu’il reste en retrait de toute discussion théoricienne. Cette indépendance fait toute son originalité. Il ne recherche pas les honneurs et les commandes de grands décors, mais s’épanouit au contraire dans le développement de sa propre vision.

De 1900 à 1911 le marchand d’art Ambroise Vollard, un des plus grands marchands d’art du début du XXe siècle, est convaincu par son talent. Il lui achète, fait rarissime, l’intégralité de sa production, ce qui assure à Louis Valtat des débuts confortables pour un jeune peintre. Il présente régulièrement ses peintures dans sa galerie et organise notamment en février 1909 rue Lafitte à Paris une « Exposition des œuvres de Louis Valtat ». Vollard prend soin d’envoyer des tableaux dans les différentes expositions qui ont lieu dans les métropoles d’Europe, comme Dresde, Berlin, Budapest, Vienne, Prague, Moscou ou Londres.

Après plusieurs années de collaboration, Ambroise Vollard se retrouve submergé par la production et conseille à Valtat « en un mot dans votre intérêt comme dans le mien, il est bon que vous changiez d’air ». Valtat peut alors travailler avec d’autres marchands et galeries en France et à l’étranger.

Il faut porter au crédit du marchand la présence des peintures de Valtat dans de grandes collections, comme celle du conte Doria ou de l’industriel russe Ivan Morozov qui a été exposée à la fondation Louis Vuitton.

Cette soif d’indépendance définit aussi bien sa personnalité que son art.

La reconnaissance officielle lui est acquise lorsqu’il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1927.

Très recherché aux États-Unis dans les années 1960 à 1980, on estime qu’environ 30% de son œuvre pourrait être conservé outre-Atlantique. Cette reconnaissance internationale est une nouvelle confirmation du talent de Louis Valtat.

Le monde de l’art s’accorde à dire aujourd’hui que Louis Valtat fût un peintre d’avant-garde qui occupe une place charnière entre le postimpressionnisme de la fin du XIXème et le fauvisme du début du XXème siècle.

Ambroise Vollard dit un jour : « Patience, un jour l’on s’apercevra que Valtat est un grand peintre ».

Deux peintures, dont l’Estérel ci-contre, sont exposées au musée de l’Annonciade à Saint-Tropez.

Ce jardin, réalisé par la Ville de Saint-Raphaël, lui rend hommage, lui qui aimait tant peindre la nature et les paysages méridionaux.



L’association « Les Amis de Louis Valtat » et Alain Dubreuil

Pour en savoir plus...



L'amitié entre Signac et Valtat

L’expression stylistique de Valtat à Anthéor

Madame Valtat au jardin à Anthéor, 1901

Suzanne Valtat, Le Jardin

Autoportrait Louis Valtat, 1892